Responsable : A Birema OUSMANOU NWATCHOCK, Doctorant (Lyon 3, France)

L’indice du terrorisme mondial publié par l’Institute for Economic and Peace (IEP), en 2015, est expressif. En effet, le classement des pays-cibles de cette recherche, par rapport aux pays de la région Afrique subsaharienne (44 au total), est très illustratif. Ainsi, le Cameroun était 36e (et 134e mondial sur 159 pays classés) ; le Tchad était 39e (et 140e mondial) ; le Nigeria était 40e (et 151e mondial) et la RCA était 43e (et 158e mondial). L’une des conséquences humanitaires de ce phénomène est le nombre de déplacés internes dénombré par les Nations unies en 2015 : 1 978 950 au Nigeria ; 123 960 au Cameroun ; 51 390 au Tchad et plus de  922 000 en RCA. Ces statistiques, plus ou moins atterrantes, sont subséquentes aux pratiques criminelles, très anciennes, qui se sont consolidées aux frontières communes de ces pays dont : le fondamentalisme religieux, l’émergence de nouvelles religiosités aiguës, l’intolérance religieuse, l’imperfection de la gouvernance locale et territoriale, la circulation massive du carburant frelaté ; le trafic de bétail, des êtres humains et des documents d’identité ; les flux financiers illicites, la prostitution des jeunes filles et la pression foncière, etc.

L’avènement d’Al Chebaab, Daesh, AQMI et Boko Haram aux frontières communes des pays de l’Afrique du Nord, de l’Est, de l’Ouest et du centre ainsi que les exactions de grande ampleur qui en résultent, depuis plusieurs années, ont permis de mettre en relief trois catégories de pays : les pays-épicentre (Somalie, Nigeria, Libye, Mali) ; les pays collatéraux ( Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Cameroun et Tchad) et les pays à risque (RCA, Niger, Soudan du Sud, etc.).  Ceci est d’autant important que ces pays figuraient parmi les pays les plus exposés à l’extrémisme violent au regard du nombre d’attaques terroristes, comptabilisé par le PNUD entre 2006 et 2015. Ainsi, Boko Haram a fait, pour la seule année 2014 : 453 incidents (contre 1 071 pour Daesh) ; 1 742 blessés (contre 5 799 pour Daesh) et 6 644 morts (contre 6 073 pour Daesh). Au regard de ce qui précède, Boko Haram, appendice de l’extrémisme violent au Sahel, est devenu le groupe terrorisme le plus mortel au monde.

L’acuité de ce phénomène aux frontières des pays africains, recrutant prioritairement les jeunes, et son penchant djihadiste offre l’occasion d’analyser la question en profondeur. Plutôt que de faire une étude historique et séquentielle de l’extrémisme violent, cet axe de recherche  se propose d’analyser les mobiles de l’engagement et de la radicalisation du profil jeune, ainsi que l’efficacité des réponses institutionnelles apportées. Aussi, offre-t-il des modules de dé-radicalisation et de lutte efficiente contre l’extrémisme juvénile. Car, au-delà des préoccupations scientifiques liées au fonctionnement de ces groupes terroristes, de leur modus operandi, de leurs connexions avec d’autres groupes, de leur mode de recrutement, cet axe de recherche entend construire, dans une perspective interdisciplinaire, une intelligibilité scientifique d’un fait social caractérisé par les violences (privées et d’État) et une inadaptabilité des réponses politiques.