Responsable : Georges Macaire EYENGA (Socio-politiste, Université Paris Nanterre, France) 

Les mouvements sociaux sont traditionnellement lus comme des phénomènes culturels ayant un caractère expressif. Ils ont aussi cependant une grande importance politique dans la mesure où ils composent avec les forces politiques dans les systèmes politiques démocratiques ou en voie de l’être. Les mouvements sociaux sont des mobilisations collectives, la plupart du temps contestataires, qui travaillent l’opinion publique, les politiques publiques et les transformations de régime. Leur institutionnalisation en Afrique et leur engagement intra ou extra du champ politique, génèrent un package de questionnements théoriques et pratiques. Cette mise des mouvements sociaux sur l’agenda scientifique en études africaines, ouvre tout un espace de réflexion pour penser des thèmes tels que le rôle et la place des catégories jeunes, femmes, minorités ethniques, minorités religieuses, LGBT, écologistes et altermondialistes, dans les révolutions contemporaines en lien avec les processus de dé-subjectivation, c’est-à-dire des processus de fabrique de la violence et de destruction de la réalité. Car, loin des modélisations interprétatives, la référence aux mouvements sociaux dans la révolution passive ou active reste et demeure d’actualité. En effet, les stéréotypes culturels, les codes esthétiques, les référents intellectuels, littéraires ou scientifiques, l’action collective ou la convergence des attitudes structurent la psychologie contestataire des mouvements sociaux dans le monde. Désormais, contester, désobéir, s’indigner, revendiquer, se révolter ou encore se venger comble les répertoires d’actions mobilisées à chaque cycle de contestation en contexte de démocratisation. Par ailleurs, l’avènement du numérique et la mondialisation des technologies de l’information et de la communication ont fécondé et boosté la subjectivation des mouvements sociaux, rendant ainsi ces derniers capables d’agir et de penser comme acteurs ; et de trouver des modalités de leur passage à l’action historique au bénéfice de l’émergence des sociétés plurielles et résilientes.

Les dynamiques conflictuelles qui caractérisent nos sociétés posent la question de l’articulation entre les mouvements sociaux et le binôme ordre/désordre. A ce niveau, l’implication des mouvements sociaux dans les processus de construction de l’équilibre social en Europe de l’Est, en Amérique latine et en Afrique du Nord, peuvent informer les transformations en cours en Afrique subsaharienne. Par conséquent, cette thématique se propose de réfléchir sur les formes plus ou moins durables, structurées et collectives, de l’engagement des mouvements sociaux dans la dialectique de l’ordre et du désordre. L’idée étant de mettre en évidence les formes de mobilisations collectives et d’analyser les sauts qualitatifs qu’opèrent individus et groupes, suivant différentes temporalités, dans la production du social et du politique. Il s’agit définitivement de faire une socio-anthropologie politique du changement social à travers l’analyse des logiques et des modes d’actions des mouvement sociaux en Afrique à l’ère du numérique.