Responsable : Alphonse ZOZIME TAMEKAMTA, PhD (Yaoundé-Cameroun)

Les trafics illicites désignent la fabrication, la distribution, le transit et la vente de substances soumises à des lois aux termes desquelles elles sont prohibées. La Convention des Nations unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, adoptée par la Conférence à sa 6e séance plénière le 19 décembre 1988. Le blanchiment est le fait de faciliter, par tout moyen, la justification mensongère de l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un crime ou d’un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou indirect. Trafics illicites et blanchiment sont deux formes récurrentes de criminalités économiques et financières transfrontalières et sous au cœur du regain d’actes terrorisme en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest, au Sahel et autour du lac Tchad.

L’Afrique est, depuis quelques années, une porte d’entrée et une zone de transit pour tous types de drogues, acheminées par la suite vers les États-Unis, l’Europe et l’Asie. De même, le continent devient aussi une zone de fabrication de drogues de synthèses. Les saisies de cocaïne et autres drogues dans les capitales africaines déterminent la vigueur des pratiques et l’outrecuidance des trafiquants : 120 kilogrammes de cocaïne saisis à Lagos en 2014 et 286 kilogrammes à Lomé ; 260 kilogrammes d’héroïne saisis en 2013 et plus de 600 kilogrammes saisis en 2014 en Égypte, etc. Autant dire que les trafics illicites, le blanchiment et la contrefaçon sont ainsi devenus les pires fléaux du continent. La contrebande, le trafic de bois et des espèces animales protégées (212 pointes d’ivoire (600 kilogrammes) saisies à l’aéroport de Pointe-Noire le 19 février 2004), la circulation des ALPC (armes légères et de petit calibre), etc. déterminent, eux-aussi, les saisons conflictuelles sur le continent. Bien entendu, la relation entre les réseaux criminels et les économies nationales et la forme de corruption prévalant dans tel ou tel pays dépendent étroitement de la nature de l’État et du rapport de forces qui s’établit entre les institutions étatiques (appareils policier, judiciaire, politique) et les réseaux trafiquants.

L’ensemble des analyses projetées dans cet axe de recherche, prospectives derechef, établit l’incidence des trafics, blanchiment et flux financiers illicites sur la sécurité et la gouvernance démocratique en Afrique. Ces fléaux subvertissant la bonne gouvernance et alimentant l’insécurité dans la plupart des pays, il est ainsi opportun d’y consacrer des rapports et analyses documentées, réguliers, pour permettre aux acteurs politiques nationaux et internationaux de faire de meilleures projections et de prendre de bonnes décisions.