Responsable : Stéphane AKABA, Doctorant (Ottawa-Canada)

L’Afrique, depuis plusieurs décennies, s’exprime aisément sur le champ de la violence et du conflit. Au début de la décennie 1990, on dénombrait 11 pays africains en conflit (Soudan, Éthiopie, Ouganda, Mozambique, Angola, Liberia, Sierra Leone, Burundi, Rwanda, République Démocratique du Congo, Congo-Brazzaville) pour un bilan désastreux compris entre 3,8 et 6,8 millions de morts ; soit 2,4 à 4,3% de la population cumulée de ces pays, estimée à 155 millions d’habitants. En 2000, 14 pays africains étaient en guerre pour un inventaire non exhaustif de 4 millions de réfugiés et 10 millions de déplacés. Depuis la fin de la guerre froide, deux constats opposés (par leur articulation et non par leur finalité) entretiennent l’essence conflictuelle : la duplication des foyers de tensions issus du chaos mondial avec l’apparition des zones grises, des États faillis ou défaillants (au niveau des macrocosmes politiques) ; le rejaillissement des nationalismes communautaires alternatifs de type révolutionnaire, exprimés sous la forme des tensions entre groupes locaux. En même temps, la praxéologie sécuritaire et la pensée stratégique des États africains, éléments privilégiés de la formulation de leur essence, sont au cœur de la fabrique du dispositif de protection nationale. Sorti non indemne de la colonisation, les échauffourées liées au format de l’indépendance ont accru la fracture entre colonie et post-colonie. La ghettoïsation sécuritaire, liée à la pacification de l’intérieur des pays est à l’origine de la «désécurisation» des métropoles au profit des zones rurales et frontalières. Passée la phase du State building ou de la construction stable de l’État, l’évolution de ces pays s’est accompagnée d’une croissance des menaces sécuritaires classiques (brigandage, trafics divers etc.) et récentes (coupeurs de route, piraterie maritime, Boko Haram, Al Chabaab, AQMI, MUJAO) et d’une transnationalité de la criminalité (réfugiés, braconnage, groupes armés, etc.).

Bien que la violence ne soit pas atavique en Afrique, nous nous proposons, à travers ce thème, d’ouvrir une réflexion rétrospective et prospective décloisonnée portant sur le bilan de la paix en Afrique, les trajectoires structurelles et fonctionnelles des armées nationales africaines, le bilan de la consolidation en Afrique, le retour d’expérience des armées nationales,les mécanismes régionaux et continental de sécurité collective, les enjeux et défis de la paix, etc.

Cet axe de réflexion sera aussi une occasion d’analyser la manière dont les  États africains s’efforcent de trouver une réponse entre autres à cette question : Comment comprendre, prévenir et régler les conflits qui ravagent le continent, en somme quelle stratégie globale de prévention, de gestion et de règlement des conflits africains?